Senghor, Léopold Sédar (1906-2001)
Ecrivain et premier président du Sénégal (1960-1980). Né à Joal, en Afrique-Occidentale française (AOF), Léopold Sédar Senghor étudia à l'université de Paris où il fréquenta les milieux antillais. Avec Aimé Césaire et Léon Damas, il formula alors le concept de négritude, dont il devait se faire le chantre dans de nombreux recueils poétiques. Agrégé de grammaire en 1935, il enseigna en France jusqu'à l'invasion allemande du pays en mai 1940. Servant sous l'uniforme français, il fut emprisonné par les Allemands jusqu'en 1943. Après la Libération, Senghor fut nommé professeur à l'École nationale de la France d'outre-mer, poste qu'il occupa jusqu'en 1958.
Dès 1945, il s'était engagé dans la vie politique, siégeant comme député du Sénégal à l'Assemblée constituante puis à l'Assemblée nationale française. D'abord inscrit au Parti socialiste français (alors SFIO, Section française de l'internationale ouvrière), il participa à la fondation, en 1948, du Bloc démocratique sénégalais (BDS). Senghor, partisan du maintien des liens entre le Sénégal et la France, entra rapidement en conflit avec les nationalistes du Bloc. Il quitta ce parti pour créer, avec Mamadou Dia, l'Union progressiste sénagalaise (UPS). Conseiller puis grand conseiller de l'AOF de 1947 à 1959, il fut également secrétaire d'État (1955-1956) puis ministre conseiller du gouvernement français (1947-1959).
À l'indépendance du Sénégal, en 1959, Senghor, qui redoutait l'éclatement de l'ancienne A-OF en une multitude d'États faibles et rivaux, se fit le promoteur du fédéralisme entre les nouveaux États souverains. Ayant échoué à les convaincre tous, il se résigna à former une fédération du Mali avec l'ancien Soudan français (l'actuel Mali). En août 1960, la Fédération éclatait. Un mois plus tard Senghor se faisait élire président de la république du Sénégal par une Assemblée dans laquelle l'UPS détenait la totalité des sièges.
En 1962, le président écarta définitivement Mamadou Dia, auteur d'une tentative de coup d'État, consacrant son pouvoir personnel dans la Constitution de 1963. La démocratisation du Sénégal devait se dessiner à partir de 1974. Réélu à la présidence à trois reprises, Senghor fut l'un des rares chefs d'État africain à préparer sa succession. En 1981, comme il l'avait annoncé, il se retira au profit de son Premier ministre Abdou Diouf. Il a continué ensuite à uvrer pour la création d'une Internationale socialiste africaine et a poursuivi sa carrière littéraire, consacrée en 1983 par son élection à l'Académie française.
Poète, Senghor publia son premier recueil, Chants d'ombre, en 1945. En 1948, son Anthologie nouvelle de la poésie nègre et malgache de langue française, précédée de l'Orphée noir de Jean-Paul Sartre, apparut comme l'un des plus beaux manifestes de la négritude. Suivirent notamment les Éthiopiques (1975) et les Élégies majeures (1979). L'ensemble des écrits politiques et essais littéraires de Senghor a été rassemblé dans quatre volumes sous le titre Liberté, publiés de 1964 à 1984.
"Senghor, Léopold Sédar", Encyclopédie Microsoft(R) Encarta(R) 98. (c) 1993-1997 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.