Du temps de...
Le Tome Quatrième des Mémoires du Docteur Birago
DIOP ne ressemble pas aux précédents même s'il les continue. L'Auteur y a intégré de
nombreux documents personnels qui en renouvellent l'intérêt.
Il y évoque la fin de sa carrière
administrative, l'éclatement de la Fédération du Mali, l'expulsion du Sénégal de son
gendre, sa fille et sa petite-fille de deux mois...
Au centre de cette phase de sa vie, son
ambassade, le séjour en Tunisie a été pour lui comme un éblouissement. Il lui a permis
d'ajouter de nombreux amis au cortège impressionnant de ses amis, de goûter la
générosité, l'urbanité de tout un peuple.
Il faut garder à l'esprit que Birago DIOP
n'aime pas bouleverser ses habitudes. S'il a beaucoup voyagé en Afrique, cela a été
toujours pour des raisons professionnelles. Hors d'Afrique, il ne connaît que la France
et la Tunisie où il a donné la mesure de sa religion de l'amitié.
Cette incursion diplomatique, si elle a
tourné court, du fait de son franc-parler, de son rejet du conformisme pour « durer à
son poste », aura ajouté à la consécration internationale de l'écrivain.
En fait, il ne pouvait en être autrement ;
en 1960, Birago Haut Fonctionnaire Colonial au terme d'une carrière exemplaire ne pouvait
pas s'intégrer sans heurt à la Nouvelle Administration, incertaine, incohérente et
quelques fois animée de mobiles sans grandeur.
Comme dans les oeuvres antérieures, le
Maître croque délicieusement quelques portraits, donne par-ci, par-là des coups
d'épingle et des coups de massue. L'admirable, c'est qu'il évoque tout cela sans
acrimonie, sans véhémence, tant il est vrai qu'au Sage, le grand âge confère
sérénité et hauteur.