RUMEURS
Sur l'épais
Mur, l'âpre Mur des rauques Rumeurs
J'ai collé mon
Oreille lasse et alourdie
Pour écouter à travers
vos vaines Clameurs
L'écho d'une
Voix mourante, morte, assourdie
Par l'épais
Mur, l'âpre Mur des rauques Rumeurs.
Dans l'Aube
froide et blême et sale et mal venue
Et qui
n'enfantera qu'un Avorton de Jour,
Le Mur est monté,
monté plus haut que les Nues,
Roc sans une
faille, sombre Bloc sans contours
Dans l'Aube
froide et blême et sale et mal venue.
A la Méridienne,
s'écaillant de Lueurs,
Le Mur épais
devenait un vaste Incendie
D'où coulaient
et grésillaient Larmes et Sueurs,
Larmes
d'Enfants, Sueurs d'Hommes, Chair engourdie
Dans la Méridienne
s'écaillant de Lueurs.
Sur l'épais
Mur, l'âpre Mur des rauques Rumeurs
J'ai posé mes
pieds plats pauvre Pêcheur perclus,
Tirant de la
Gangue gluante de torpeurs
La Pirogue
partant pour tous les Pays perdus
Dans l'épais
Mur, l'âpre Mur des rauques Rumeurs.
L'âpre Mur
s'est dressé au rouge Crépuscule,
Comme un Mont,
Roc rugueux au Soleil rougissant,
Bloc noir de
Sang figé où poussaient des Pustules
Alors qu'il fut
bâti sur du sang innocent
L'âpre Mur
dressé dans le rouge Crépuscule.
Et c'est la
Nuit. La noire et froide et vaste Nuit
La noire Nuit où
les Voix ont peur d'elles-mêmes ;
Les Rumeurs et
les Cris, les Sueurs et les Bruits
Engrossent l'âpre
Mur de nos âcres Blasphèmes
Dans la noire
Nuit, dans la froide et vaste Nuit.
Sur l'épais
Mur, l'âpre Mur des rauques Rumeurs
.J'ai collé mon
Oreille alourdie et plus lasse,
Pour écouter à travers
vos vaines Clameurs
L'Echo d'une Voix, le Bruit d'un Souffle qui pusse
Dans l'épais
Mur, l'âpre Mur des rauques Rumeurs.