Abreuvés aux mêmes rivages
Et nourris aux mêmes festins,
Victimes des mêmes breuvages
Nous eûmes les mêmes destins.
Maintenant meurtris seuls et
sages
Assis au bord des longs chemins
Nous cherchons les jeunes visages
Qui charmèrent nos beaux matins.
Les pas traînants et lents
des heures
Qui hantent le soir nos demeures
Bercent parfois l'atroce ennui;
Et les silences de la nuit
Sur la rumeur des jours enfuis
Tissent un linceul à nos leurres.
Nioro-du-Sahel, février 1938