L.S. SENGHOR, préface aux Nouveaux Contes d'Ahmadou Koumba
... En Afrique Noire, toute fable, voire tout conte, est l'expression imagée d'une vérité morale, à la fois connaissance du monde et leçon de vie sociale.
... Que ce soit dans les fables ou dans les contes, Ahmadou Koumba-Birago Diop ne fait que traduire, à travers la loi de l'interaction des forces vitales, la dialectique de la vie qui est celle de l'univers. A l'anarchie et à la mort S'oppose l'ordre de la vie. Ce sont les vivants, les existants qui, placés au centre du monde, sont les protagonistes de cette vaste « comédie humaine ». Ils sont (comme je l'ai dit plus haut) doués de liberté. Tantôt ils s'élèvent contre la stupidité et l'injustice des grands, tantôt ils s'y soumettent ou s'en font les complices par lâcheté. Mais la paix, si chère aux coeurs nègres-africains, c'est-à-dire l'ordre, finit toujours par triompher. La paix, par l'effet de ces vertus typiquement nègres que sont la piété, le bon sens, la loyauté, la générosité, la patience, le courage.
... En disciple fidèle d'Ahmadou, fils de Koumba, il [Birago Diop] renoue avec la tradition et ressuscite la fable et les contes anciens, dans leur esprit et dans leur style. Il les rénove cependant, en les traduisant en français, avec un art qui, respectueux du génie de la langue française, conserve, en même temps, toutes les vertus des langues négro-africaines.
20 octobre 1957.